Atmosphère Primale

2019-2024 – Installation immersive

En collaboration avec Catherine Jeandel (Directrice de Recherche, CNRS, LEGOS), Yves Godderis (Chercheur GET, CNRS), Elise Nardin (Chercheur GET, CNRS),  Thierry Besche (Créateur Sonore, Passerelle AST), Hadrien Albouy (Concepteur Technique), Emilie Bonnard (Docteure en Arts Plastiques, Designer Olfactif) et Anne-Charlotte Baudequin (Doctorante en Arts Plastiques UT2J, Designer Olfactif),  Manfred Armand (conception lumière), OSMOART (parfumeur-création des parfums), Yves Duthen (Pr Informatique, UT Capitole, IRIT-Vortex), Frédércik Garcia (Chercheur INRAE, MIAT, Toulouse)

​Une création de Passerelle Arts-Sciences-Technologies

Description conceptuelle

« Coupables sans fautes »

Ce projet vise différents types de questionnements liés à notre rapport au vivant. Si l’ontologie occidentale a avant tout été dualiste et a créé depuis la modernité des couples d’opposition naturel/artificiel, nature/culture, il n’en est pas ainsi dans la plupart des communautés autochtones d’Amérique du Sud qui ne distinguent pas la culture de la nature et pour qui tout objet ne peut être pensé que dans une subjectivité. 

Ces catégories de pensées instituées par notre langage, nous ont permis de cultiver la nature, de produire l’alimentation nécessaire pour nourrir l’humanité passant d’un mode de production diversifié à un mode productiviste souvent en monoculture et appauvrissant les sols, polluant l’air et l’eau et utilisant des pesticides, fongicides… participant en partie à détruire la biodiversité. Il ne s’agit pas de dresser uniquement une critique sur les modes de production extrativistes passés qui ont été nécessaires pour répondre aux différentes crises humaines que nous avons traversées, mais de questionner aujourd’hui en vue de l’urgence climatique notre rapport à la nature qui a été fondé sur un rapport de domination, de contrôle, d’utilitarisme et qui demande aujourd’hui d’être repensé radicalement. 

Partir de zéro en retraçant poétiquement les ères géologiques permet ainsi de donner la possibilité à l’imaginaire de recréer d’autres rapports aux non-humains, de se donner la perspective de pouvoir respecter le vivant sans le soumettre à notre nécessité qui s’effectue bien souvent par l’usage des technologies. De supprimer les liens de dépendances et d’allégeances qui nous lient à ce rapport technocratique au monde. 

Il s’agit de demander ce qu’il est encore possible de faire dans une situation qui engage chacun.e d’entre nous afin de préserver la biodiversité garante d’une terre vivable pour les générations à venir. Repenser le rapport au temps, non plus structuré en événement, mais en transition inframince. Il s’agit de sentir la préciosité de la vie et du vivant au regard de notre place et de l’histoire de la planète vieille de 4,5 milliards d’années et où Sapiens ne représente que les dernières 5 secondes de l’histoire de notre planète rabattue à 24h. L’enjeu n’est pas de dénigrer notre place anecdotique mais d’avoir conscience de l’extraordinaire contingence des conditions uniques qui ont permis la vie sur terre. Histoire terrestre dont le rapport est quasi-amnésique, an-historique puisque nous ne remontons en termes de sédiments qu’aux derniers 450 millions d’années. Mettre l’accent sur les échelles géologiques en comparaison aux échelles humaines est l’enjeu de cette exposition. Faire sentir l’air, sa préciosité qui date de 16 millions d’années et que nous sommes en train de rendre irrespirable est l’enjeu de cette installation immersive. 

Description Formelle

Nous retraçons l’ensemble des atmosphères apparues sur Terre dans un dispositif immersif olfactif, sonore, lumineux et sensoriel baigné de brume. Des bouteilles de gaz contiennent les gaz recréés des atmosphères ayant existées (puis relâchées dans l’air). Le spectateur est invité à sentir l’air que nous respirons, celui de demain et celui du passé. Cette installation vise par des scénarios sonores, olfactifs et lumineux à faire l’expérience d’autres échelles de temps, des micro-flux et interactions du système biosphère-océan-atmosphère offrant la possibilité de considérer que les processus en œuvre ne sont pas à notre mesure, ne sont pas là pour nous. Et qu’avoir agi sur ces micro-flux durant ces 250 dernières années, a considérablement modifié l’atmosphère pour des millions d’années à venir. Le spectateur immergé est invité à vivre le temps long géologique, à s’y perdre, tandis qu’un autre espace l’invite didactiquement à sentir, écouter, voir l’intrication à l’autre qu’humain tout en ayant la représentation des flux de ses activités terrestres, aeriennes et maritimes. 

Crédits Photos : Ariane Ruebrecht