2022
Réalisation technique du morphing : Philippe Doublet
Saxophone alto : Fabrice Rougier. Saxophone basse : Loïc Papillon. Contrebasse : Nicolas Rumeau. Batterie : Jean-Pierre Vivent
Performance sur les bords de la rivière en 2022 dans le cadre du projet Archipel de Passerelle AST
Description
À l’image du « Parlement de Loire » qui vise à donner une entité juridique à la rivière, nous avons orienté les premières résidences entre artistes, scientifiques, associations, historien, sur la prise en compte du point de vue de la rivière Dadou.
Le Dadou, qu’a-t-il à nous apprendre ? La rivière c’est aussi son interaction avec l’environnement et l’activité humaine. C’est un au-delà des limites qui la constituent et qui la relient à un territoire terre-monde.
Cette création plastique imagine sous la forme de signes-concept un langage qui nous parle de la rivière à partir de bribes, de sensations, de formes, de flux, d’états différents.
Il faut environ 700 signes-concepts ancrés dans la pensée qui cristallisent une sensation, une forme afin de constituer l’ensemble des éléments symboliques et catégoriques qui rendent possible la pensée par les mots selon Stevan Harnad (Chercheur en Sciences cognitives, Université Mc Gill). 700 signes suffisent selon lui pour élaborer par renvoi et tautologie la compréhension de tous les autres mots (c’est le fonctionnement du dictionnaire) à condition qu’ils soient ancrés corporellement. C’est aussi en creux, une critique de l’IA, qui agit comme un automate avec le langage sans en connaître la signification incorporée et perceptive (l’IA agit comme une personne qui chercherait à apprendre le Chinois et n’aurait qu’un dictionnaire en Chinois).
Bien que cette conception de la pensée humaine puisse être incomplète, les sensations premières retenues, mémorisées, symbolisées constituent les prémisses d’une pensée qui se construit et se développe, se retient et se projette pour lire ensuite un monde.
Des fragments visuels, des éléments bordant, intégrés, immergés dans le Dadou ont été récoltés. Ils montrent ce qu’il peut être, ce qu’il peut encore signifier si on l’observe, y prête attention afin de dévoiler la diversité de ses saisons, de ses états, de son milieu. L’idée est de réinventer des langages pour parler du monde et des communs (« négatifs ») légués dans une perspective éthique et esthétique.
Par la construction de signes-concepts issus de sensations de la rivière du Dadou, ils ont ensuite été mélangés par morphing et été joués par 4 musiciens au bord de la rivière.
Il ne s’agit pas de faire « penser » la rivière, mais plutôt d’imaginer un langage qui nous parle de la rivière à partir de bribes, de sensations, de formes, de flux, d’états différents. Les signes créés pour l’événement sont ici considérés comme une partition à interpréter où matières visuelles et matériaux sonores se conjuguent sous la forme d’une improvisation musicale. Ce travail s’inscrit dans le projet Archipel qui vise à expérimenter le concept de territoire Arts Sciences Société envisagé comme un territoire d’esprit. Multisitué, co-construit avec une diversité d’acteurs et de moyens, les interactions proposées sont des agencements de parcours, de relations, de partage de processus qui forment territoire pour une durée donnée.
La pollinisation et l’émulation réciproque entre artistes, scientifiques et la société participent d’une volonté commune de comprendre la complexité du monde, de donner à le voir autrement, de créer un déplacement de l’esprit et de se départir enfin des lieux communs.
L’urgence de la prise de conscience du changement climatique oblige à comprendre les phénomènes à l’œuvre. L’activité humaine crée le déséquilibre qui provoque ces dérégulations. Chacun doit s’atteler à repenser un autre rapport terre-humain, humain-vivant.
Archipel # 1 s’est arrimé en un premier port à la ville de Graulhet qui a accueilli dans une grande ouverture la démarche. Travaillée par son passé industriel autour du cuir et tournée vers la petite ville durable de demain à inventer, la ville de Graulhet a réhabilité la rivière le Dadou qui serpente au cœur de la cité.










