Endophonie Mécanisée

2012 – Installation sonore interactive et robotique

​Travail en collaboration avec Hubert Desroques (faculté de Médecine de Toulouse), David Lataillade (Composition sonore), Pol Perez (programmation)

Exposée au 104, Biennale Nemo et au Frigo (Albi)

Description conceptuelle 

« Avoir la vie » c’est avoir la sensation d’une secousse imminente d’un certain tremblement d’être qui s’appelle événement. 

Chaque jour me donne la vie et me l’enlève en même temps. Ce sont des frissons accompagnant cette certitude que je ne suis que de passage. Ce travail est pour moi une tentative de vivre, d’éprouver pleinement cette force, consciente d’un corps, inscrit dans sa condition de n’être qu’en sursis. Dans cette conscience de l’anéantissement à venir, le corps cherche alors les signes pouvant esquisser la symphonie de ce qui pourrait être son monde. Il cherche la composition d’une écoute supportable et personnelle. 

Comment le corps en acte, conscient de lui même, peut-il écrire une temporalité du coeur, c’est-à-dire la définition d’un monde qui lui serait singulier ? Comment dans sa corporéité peut émerger une lecture d’une réalité dont le sens se profilerait selon sa volonté, ses choix en prenant appui sur le corps-sensation et ses données du sensible ?  

La vie humaine par son anecdotique posture et sa fugace beauté doit se perfectionner et se réagencer pour entreprendre une symphonie du monde. L’être humain peut chercher à l’esthétiser pour pouvoir sublimer son étrange posture. Pour ma part, ayant conscience d’être suspendue à un court laps de temps et dans la déraisonnable pensée qui est à la limite du savoir acquis, je souhaite alors signer le sens de ma réalité pour la rendre enfin vivable.  À la recherche des autres possibles, j’écouterais le murmure de ce corps sans méta.

Description formelle

Ce sont cinq organes suspendus dans des urnes en plexiglas et dont le processus de désagrégation cellulaire a pu être arrêté. Ce travail à fait l’objet d’une recherche avec le laboratoire de la faculté de médecine à Toulouse afin de trouver des solutions chimiques alternatives au procédé de plastination du Docteur Von Hagens.

Ces 5 organes sont robotisés et réagissent à l’approche du spectateur. Chaque organe est doté d’une matière sonore (réalisée dans les locaux du Gmea par David Lataillade) qui interagit avec les mouvements du public. Ainsi par exemple, lorsque le spectateur s’approche du poumon, les 4 autres organes ne diffusent plus leurs sonorités indépendamment, mais l’ensemble de l’espace sonore est spatialisé de telle sorte à ce que la respiration pulmonaire puisse se répartir tour à tour sur chaque haut-parleur afin de créer un espace qui semble s’expirer de manière propagée. À son tour, le cerveau signale l’approche d’un spectateur en diffusant aux autres membres organiques ses impulsions nerveuses. Le coeur, lui, contracte sur 2 haut-parleurs la pulsation de ses battements. Le son du foie, se crispe sur un infrason et les intestins diffusent aléatoirement dans l’espace leurs sonorités. L’espace d’écoute se modifie selon les gestes et déplacements des visiteurs. Par une captation à l’aide de capteurs ultrason, les mouvements des organes se modifient en fonction de la présence du spectateur.