2013-2016 – Installation interactive et vie artificielle
Travail en collaboration avec T. Breton, Docteur en Vie Artificielle (IRIT, Vortex, Toulouse)
Description conceptuelle
Nous avons souhaité interroger les mécanismes de la perception par un travail plastique qui met en exergue l’informe et le sans-identité. Nous avons construit un programme dans l’objectif que la perception humaine ne puisse pas atteindre le seuil de la détermination.
Nous avons mis en mouvement des centaines de signes plastiques qui sont en changement permanent. Pour cela nous nous servons de la voix du spectateur, mais également d’algorithmes issus des recherches en vie artificielle et intelligence artificielle.
La voix du spectateur est ce qui fait émerger les signes plastiques qui sont des empreintes de peintures que je dépose sur une feuille de papier. Nous avons associé chaque phonème à une composition colorée. Formellement lorsque le spectateur s’exprime, les mots qu’il a employés se dissocient en phonèmes inarticulés. Nous avons souhaité donner une forme de vie à cette voix sans articulation logique. Ces phonèmes ont un comportement de créatures artificielles.
Chacun d’eux doit apprendre à survivre, se déplacer, se charger d’énergie, se reproduire et enfin disparaître.
L’idée dans ce travail est que la voix est vectrice de sens et de vie. Par la pensée articulée à la langue l’être humain accède à une interprétation qui lui permet de réaliser l’épreuve de son monde.
Cette multitude de phonèmes qui commence à prendre vie, se multiplie, mute dans la durée et rend leur représentation difficile à identifier.
Description formelle
Nous voulions que cette peinture de la voix témoigne de l’impermanence et nous voulions que cette forme de vie créée artificiellement ne soit pas de l’ordre de la staticité.
Nous avons élaboré un niveau de complexité supérieure en utilisant des algorithmes d’intelligence artificielle notamment ceux qui permettent de développer l’apprentissage par essais et erreurs. Les phonèmes doivent apprendre au fil des générations d’individus à ne pas s’associer à certains autres phonèmes afin de ne pas créer un mot existant dans un thésaurus inclus dans le programme. En effet si certains phonèmes par le hasard de leur rencontre et de leur proximité forment par groupe un mot existant alors, l’ensemble des phonèmes de ce groupe se transforme en virus qui ira contaminer les autres phonèmes. Leur survie réside alors dans la discrimination de phonèmes porteurs de virus. Ce dernier point est une métaphore de l’idée que la nouveauté de l’événement, le mouvement de la vie sont contaminés par l’articulation de la pensée à la langue qui rate le particulier dans l’événement. Dans la vie, il n’y a aucune forme de répétition possible, mais ce fait est condamné par l’usage des mots, qui répètent les mêmes sens et retiennent les mêmes formes de présences pour ce qui ne peut pourtant pas ré-advenir.
Nous avons voulu donner à voir l’image d’un présent imparfait, indéterminé inassignable. Nous avons voulu créer un tableau vivant de la voix.







