Archéologie de l’écho

2016 – Installation vivante et génétique, Chant de piste génétique

Travail en collaboration avec V. Bergoglio (INSERM), N.Langlade (INRAE)

Description conceptuelle

Ce travail a consisté à mettre l’ADN de personnes ayant eu de belles idées dans des pierres précieuses afin de créer dans un premier temps une galerie d’idées précieuses. 

Je voulais recréer une parole vivante (cf. J.Derrida, la voix et le phénomène), une parole dépourvue de langue. 

La génétique à l’heure actuelle ne possède pas les moyens cognitifs et techniques pour percevoir ce temps vivant et comprendre que le vivant n’est pas de l’ordre de la logique qui se répète. Le vivant ne se réduit pas à notre intelligence mécanique et n’est jamais déterminé. La vie ne se réduit pas à cette visée unique, discriminant des éléments discrets pour constituer le mouvant. Le domaine génétique est intéressant pour de multiples points. Aujourd’hui nos modèles cognitifs, nos représentations euclidiennes ne permettent plus d’expliquer le vivant et le mouvant. Nous pensons qu’aujourd’hui le modèle euclidien n’est plus un modèle satisfaisant comme modèle de compréhension du monde et de réduction phénoménale. 

Ce qui m’intéresse c’est surtout l’idée que le réseau serait un nouveau paradigme. Comment ce nouveau modèle, cette nouvelle structure cognitive va modifier la perception et la manière de se définir et définir l’espace et le temps que nous articulons pour nous constituer des présences ? 

L’être humain serait en train de modifier son articulation espace-temps (et par là sa subjectivité). Si ce modèle restructure la cognition, il faut savoir que le modèle du réseau est une représentation qui détruit la représentation, qui est bien plus proche finalement du temps vivant. Le modèle rhizomique est en changement permanent jamais arrêté, complexe, et toutes les échelles et multiplicités de points de vue se co-intriquent réciproquement. Le réseau est pour moi une structure qui permet de rouvrir la complexité d’un réel en ne le réduisant plus à une pensée qui ne vise que l’unique. 

Description formelle

Le temps vivant décrit par Bergson et Derrida serait re-compris, dans ce modèle, détruisant ainsi la représentation, puisque tout change continuellement. 

Nous avons enfermé le génome dans des pierres afin de conserver des paroles précieuses. Nous voulions conserver cette présence et cette existence humaine. Préserver des idées précieuses avec la génétique donnerait le symbole de pouvoir créer une langue vivante, une pensée vivante. 

Le projet s’est encore complexifié lorsque l’on m’a parlé du chant des pistes. Le chant des pistes est le fait que les aborigènes chantent pour créer la géographie et l’espace. Les pierres contiennent tous les chants et sont tous les nœuds de l’espace. Ainsi puisque l’espace avec le réseau se redéfinit, j’ai décidé de déposer des pierres sous terre, comme des nœuds indiquant et soutenant la géographie du réseau.

Notre civilisation est basée sur la culture grecque. Le slave, le latin, le germanique ont produit toutes les autres langues. Ces trois langues sont issues du Grec. Ainsi j’ai décidé de poser les pierres dans des pays aux origines latine, slave, germanique en terminant par la Grèce. 

Comme des nœuds où contiennent les voix qui crée l’espace, afin qu’advienne une parole vivante et une réalité précieuse.