2013-2015 – Installation interactive
Travail en collaboration avec J. Rabin (Ancien Programmeur au Gmea)
Description conceptuelle
Cette pièce interroge de manière sensitive les déplacements des représentations humaines via nos outils techniques. Je me suis de prime abord questionnée sur la notion de média, de façon à visualiser les différences que les outils numériques pouvaient avoir, afin de pouvoir me positionner sur ceux-ci. De ces recherches est née l’idée que seule la perception de notre matière, limitée par le contact rigide de notre corps-cognition, construisait des mondes à la mesure de cet organisme contraint par une matière solide et que malgré nos outils nous ne sortirons jamais de l’échelle humaine. Ce corps est constitué de matière solide, ne peut sortir du contact de sa peau-cognition, sinon par l’imaginaire et la langue. L’homme creusant toujours dans la même direction de ses connaissances, de sa matière, peut-il réellement appréhender les immatériaux ? Nos nouvelles techniques peuvent-elles nous aider à nous dépasser pour nous sortir enfin de nous-mêmes, nous faisant voir ce que nous ne pouvons appréhender que par ses seuls organes humains ?
L’être humain n’est-il pas condamné à ne trouver que ce qu’il est allé chercher ?
Description formelle
Le spectateur est invité à manipuler des images-matière dans des boîtes de Pétri. Il s’agit de peau humaine, passée au microscope. Ici, le spectateur est invité à creuser, a rentrer en résistance avec l’image afin de parvenir au fond. En fonction de sa gestuelle, les images réagissent de manières différentes. Il doit prendre son temps pour découvrir le fond de la trame. Si son toucher est brusque, la peau ne réagit presque pas. S’il effleure, elle se marque (sensation superficielle). S’il vient à la gratter, il doit persévérer pour creuser et faire en sorte qu’elle ne se referme en plaie. Il ne peut jamais visualiser l’image qu’il est en train de manipuler puisque celle-ci à peine révélée change d’identité.
Techniquement, une kinect capte les mouvements de la main du spectateur. Ces mouvements sont ensuite analysés et retravaillés par un logiciel (MaxMsp). L’image est vidéo projetée par en dessous et laisse au spectateur la possibilité de penser qu’il manipule une peau de pixels aux réactions variées. Loin des interfaces tactiles, ce dispositif au contraire n’est pas intuitif, et le spectateur ne peut s’attendre à des réponses automatiques et doit chercher la manière dont l’image peut progressivement se déployer.





